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Concours ATSEM : Témoignage de Sandrine

"On apprend beaucoup la tolérance !"

Comment avez-vous découvert le métier d'atsem ?

J'ai une formation de CAP employée de bureau et de BEP vente, mais j'ai arrêté de travailler pour élever mes quatre enfants. Quand le petit dernier est allé à l'école, j'ai fait des démarches pour retravailler. J'étais au RMI. J'ai fait un bilan de compétences. Une association recrutait pour la mairie de Roubaix en Contrat Emploi Solidarité, en privilégiant les personnes de Roubaix. J'ai postulé. En 2001, j'ai commencé dans une école maternelle à Roubaix, à raison de 4 heures par jour.

Pourquoi avez-vous passé votre concours d'Atsem ?

Quand j'étais en CES, ce n'était pas gagné qu'ils me gardent. A Roubaix, si on n'a pas le CAP petite enfance et le concours ATSEM au bout de 18 mois, on est mis dehors. J'ai entendu dire qu'avec quatre enfants, on n'avait pas besoin du CAP, mais la ville de Roubaix n'était pas au courant...

Comment avez-vous préparé le CAP et le concours d'atsem ?

J'ai passé mon CAP petite enfance en juin 2002. Je ne l'ai pas vraiment préparé. J'ai appris sur le terrain et j'ai lu un livre sur les matières au programme. Pour le concours, j'ai utilisé un livre sur le territorial, spécifique au concours ATSEM. Le sujet m'a passionné. J'ai lu, fait les QCM de la fin du livre.

Quand avez-vous passé le concours ATSEM ?

J'ai passé le concours ATSEM en juin 2003 à Dunkerque. Il y avait 60 places pour 2000 candidates. Je l'ai eu du premier coup. Mais j'ai une amie qui l'a passé 15 fois et qui n'arrive toujours pas à l'avoir. Pour moi, c'était facile. Apparemment, cela dépend des années. Il y a plus ou moins de questions sur le territorial. A Roubaix, il y a eu un concours avec 20 questions sur 40 sur le territorial, mais à Dunkerque, je n'en ai eu que cinq ou six. Etant donné mon expérience, les questions sur les enfants n'étaient pas trop difficiles. Mais beaucoup de filles se présentent au concours sans avoir pratiqué. Elles peuvent tomber dans des questions pièges, comme par exemple : est-ce que l'instit' peut vous laisser seule avec les enfants, ou pouvez-vous soigner un enfant ? La réponse est non.

Pour l'oral, je me suis retrouvée devant un jury de trois personnes, une atsem, une directrice d'école et une personne du centre de gestion. On m'a interrogée sur mon travail (emploi du temps, relation avec les collègues, avec les parents) et sur mon parcours (du bénévolat à l'école de mon fils au CES). J'ai eu aussi quelques questions difficiles, par exemple qu'est-ce que le PAI (protocole d'accueil individualisé) ou le RASED (réseau d'aide aux élèves en difficulté).

Comment avez-vous trouvé votre poste ?

En septembre 2002, après avoir eu mon CAP, j'ai obtenu un contrat intérimaire pour remplacer un départ en retraite. En octobre 2003, une fois le concours obtenu, je suis passée stagiaire à l'école où je travaillais déjà comme intérimaire. J'y ai passé un an avant de partir dans une autre école pour remplacer quelqu'un parti en retraite.

A l'oral, on se présente, on raconte notre cursus, on explique pourquoi on a choisi ce métier, on montre notre motivation. Ils se basent sur notre expérience, notre comportement par rapport aux enfants, en situation. Lors de mon oral, les examinateurs riaient et je pensais qu'ils se moquaient de moi. Ils voulaient sans doute me déstabiliser, mais ça n'a pas marché.

Comment se passe le travail au quotidien ?

D'une école maternelle à l'autre, les fonctions de l'atsem peuvent être différentes : on prépare les anniversaires ou non, on fait des ateliers ou non, on prépare les collations ou non, etc. A Roubaix, nous sommes une atsem pour deux classes, alors que dans certains endroits c'est une atsem par classe. Nous travaillons neuf heures par jour (de 8h15 à 17h15) plus deux heures le samedi matin, et un mois sur deux en été. Nous sommes toute la journée dans les classes et à la cantine le midi. Le soir, nous faisons aussi le ménage (l'entretien des classes, des couloirs, du dortoir, de la salle de jeux).

J'ai deux classes : une de tout-petits/petits qui n'ont jamais été scolarisés et une classe de moyens. Les très petits ont toujours besoin de nous pour les toilettes, la collation. Ils ne sont pas autonomes. Le matin, j'ai deux ateliers dans une classe puis dans une autre. J'ai tenu un an et demi puis le médecin m'a arrêté car j'étais trop fatiguée. Au bout d'un moment, c'est devenu trop dur. Ce n'était plus gérable. Je suis allée voir le recruteur de la mairie et j'ai demandé de l'aide. J'ai obtenu un contrat aidé pour me seconder depuis novembre 2006. Je vois la différence. L'an dernier, on faisait tout à la va-vite. C'est dommageable pour les enfants que l'on ne puisse pas avoir eu une atsem par classe !

Aimez-vous votre travail ?

J'adore mon travail, aussi parce que je suis avec de bonnes enseignantes. Si on n'aime pas, on ne peut pas le faire car ce n'est pas un métier facile. A Roubaix, toutes les écoles sont en ZEP, les quartiers sont difficiles. Parfois, on se fait agresser par les parents. Il faut du self-control ! Quand un enfant tombe ou se salit, qu'un bonnet est perdu, ils s'en prennent à nous ! Mais avec les enfants, il n'y a pas de souci.

Ce n'est pas facile pour les parents. On ne les juge pas. Il y a beaucoup de pauvreté. Mais parfois les enfants arrivent sales à l'école. On a eu des cas de gale. Quand c'est grave, je les lave, même si je n'en ai pas le droit. Parfois ce n'est pas de leur faute, comme cette maman qui avait eu l'eau coupée. Je savais à quoi m'attendre car j'étais déléguée des parents d'élèves à l'école de mes enfants et que j'ai discuté avec les atsem. On apprend beaucoup la tolérance !

Qu'est-ce qui est le plus difficile ?

Le plus difficile, c'est le bruit permanent, les pleurs. On prend les enfants à deux ans alors qu'ils sont tout petits petits. Certains à deux ans sont déjà à la garderie et à la cantine ! On fait attention à la sieste pour qu'ils se reposent bien. L'école toute la journée, ce n'est pas adapté. On le dit aux parents mais ils ne veulent pas attendre. Le soir quand on rentre chez nous, on est lessivées.

Ce n'est pas facile pour les parents. On ne les juge pas. Il y a beaucoup de pauvreté. Mais parfois les enfants arrivent sales à l'école. On a eu des cas de gale. Quand c'est grave, je les lave, même si je n'en ai pas le droit. Parfois ce n'est pas de leur faute, comme cette maman qui avait eu l'eau coupée. Je savais à quoi m'attendre car j'étais déléguée des parents d'élèves à l'école de mes enfants et que j'ai discuté avec les atsem. On apprend beaucoup la tolérance !

Quels conseils donneriez-vous à de futures Atsem ?

Interrogez d'autres Atsem. Allez voir à l'école si vous aimez ça. Allez passer ne serait-ce qu'une semaine pour voir et acquérir de l'expérience. Il faut savoir que le concours est très dur, un peu trop par rapport à nos conditions de travail. Allez aussi sur les forums sur Internet (http://concoursatsem.forumactif.com ou http://atsem_cap.monforum.fr). J'y vais tous les soirs pour donner des conseils aux autres. J'ai moi-même été aidée par les Atsem de mon école. Je fais pareil. C'est important l'entraide.